Pendant une année, nous allons initier une série de grands entretiens menés par Catherine Arteau ici sur la relation qu’entretiennent les habitants, les visiteurs sur le terrain mais également sur l’image que les « amateurs de Saint-Émilion » ont de la juridiction depuis le Monde. Ils seront initiés en cette fin d’année 2017 et feront l’objet d’un partage avec tous nos amis, un forum qui permettra d’actualiser notre vision du patrimoine mondial, en général et sur notre territoire.
« Aujourd’hui, le patrimoine culturel a évolué et on accepte généralement l’idée qu’il est important, non pas pour ses qualités propres, mais plutôt pour l’importance qu’il a pour une communauté. C’est la valeur qui lui est donnée par un groupe d’individus, qui en font un « symbole » de leur identité ou de leur histoire qui rend un élément patrimonial.
C’est par ses actions quotidiennes de préservation, mais aussi par l’appropriation qu’elle s’en fait (à travers des usages, des représentations graphiques, des célébrations, etc.) qu’une communauté locale donne cette valeur au patrimoine et qu’elle le reconnaît. Et cela reste vrai qu’il s’agisse d’un petit groupe de personnes ou de l’ensemble de l’humanité. Car le patrimoine reste lié à son environnement immédiat, et c’est la communauté locale qui est la mieux à même de dire ce qui est important pour elle, ce qui la représente, de veiller à sa conservation et à son appropriation. C’est ce que les instances internationales ont reconnu en 2007 lorsque l’UNESCO a officiellement intégré les communautés comme un acteur incontournable du patrimoine mondial. Aujourd’hui, pour être inscrit au patrimoine mondial, un site doit être soutenu par la communauté locale et ce soutien doit se maintenir pour qu’il y reste.
Sans soutien local, sans action quotidienne, il n’y a pas de patrimoine vivant ».
Mathieu Dormaels, Université de Montréal. Membre de la commission du Québec pour l’UNESCO
Extrait du livret Heritage Camp 2016